Vos armes, citoyens!

Vos armes, citoyens!

par Sarah Finger, correspondante à Montpellier 

De quels outils dispose-t-on pour améliorer le sort de la planète ? Quels leviers peut-on actionner pour agir à notre échelle ? Des intervenants d’Agir pour le Vivant partagent quelques-unes des initiatives ou stratégies qu’ils ont mises en œuvre.

Le principe est simplissime : racheter des parcelles à des particuliers, élargir au fil du temps le cercle des terres acquises dans le seul but de laisser la nature tranquille et la forêt prendre soin d’elle-même. L’association Forêts sauvages, basée au Puy-en-Velay (Haute-Loire), aurait ainsi protégé 800 hectares de toute intervention humaine. «Nous sommes les petits Pères Noël de la ruralité», témoigne Gilbert Cochet, président de Forêts sauvages.

Si tout le monde n’a pas l’opportunité d’investir dans un bout de nature, rien n’empêche ceux qui peuvent épargner de s’interroger sur la destination de leur argent. Mettre la finance au service du climat, c’est l’objectif de Reclaim Finance, dont les investigations permettent de savoir «quels acteurs de la banque ou de l’assurance soutiennent ou pas les énergies fossiles», explique Lucie Pinson, sa directrice. Objectif : que les groupes auxquels nous confions notre épargne «prennent en compte les intérêts du vivant, et pas seulement les intérêts à court terme».

Boris Patentreger, coordinateur des projets français d’Envol vert, propose quant à lui d’agir au travers de notre consommation. «Le Brésil est le leader de la déforestation, explique-t-il. Or, 80% de cette déforestation est liée aux pâturages destinés à l’élevage bovin, dont la viande est surtout commercialisée par Carrefour et Casino. Les entreprises françaises ont donc un rôle à jouer. Mais les citoyens aussi, en s’interrogeant sur leur consommation de viande.» Idem pour les produits laitiers : «La déforestation au Brésil est également liée à la culture de soja, lequel est massivement exporté pour nourrir nos élevages, comme celui des vaches laitières, poursuit-il. Par nos choix de consommation, nous détenons donc un gros pouvoir sur la déforestation.» Le site envol-vert.org propose un quiz permettant de mesurer l’impact de notre consommation sur les forêts naturelles.

Inutile, donc, de partir à l’autre bout du monde pour militer : Marc Dozier, coréalisateur d’un documentaire intitulé Frères des arbres, relaie ainsi le message d’un chef papou, estimant que chacun s’avère plus apte à se battre sur son propre terrain. «A notre échelle, nous pouvons nous opposer à tout projet qui nuit à la vie», demander «le respect du vivant sous toutes ses formes» et aller jusqu’à «la désobéissance civile, véritable poumon de la démocratie», martèle Pauline Boyer, chargée de la transition énergétique chez Greenpeace. Pour la primatologue et naturaliste Emmanuelle Grundmann, on ne se bat bien qu’avec le cœur : «Parce qu’on protège mieux ce qu’on connaît, et ce qu’on aime».

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